tu me regardes.

y’a eu un regard, puis deux, puis trois, puis l’impossibilité de quitter ses yeux d’elle. pas même pour répondre aux sms de dani qui lui demande à quelle heure est-ce qu’elle rentre. elle fait glisser les pages des livres saskia, mais y’a qu’elle qui compte. son attention accaparée par la jolie blonde qui se trouve à l’autre bout de la bibliothèque et elle doit être flippante saskia, à baisser les yeux à chaque fois que leurs regards se croisent, parce que dans la panique elle fait tomber des livres et donc, fait beaucoup de bruit dans une bibliothèque. elle peut encore sentir le regard de la bibliothécaire brûler dans son dos. elle soupire saskia, pour la quatrième fois en vingt secondes, parce qu’elle n’avance pas dans ses révisions, parce qu’elle est distraite et elle déteste ça. et parce que c’est tellement plus simple de fuir que d’assumer quoi que ce soit, elle quitte la grande table à laquelle elle est assise pour se rendre dans un rayon que jamais aucun étudiant utilise, celui de la lecture érotique. à peine ses affaires déposées, qu’elle rougit saskia, presque honteuse de se trouver dans un rayon pareil, soudainement inquiète qu’on puisse penser des choses. pourtant elle s’assoit à même le sol, les différents ouvrages expliquant les oeuvres de monnet et matisse devant elle. et les heures doivent passer ainsi beaucoup plus vite car quand elle lève les yeux de ses bouquins, c’est simplement parce que les lumières de la grande bibliothèque viennent de s’éteindre. y’a quelqu’un ? et forcément personne n’est là pour lui répondre, parce qu’il est plus de vingt heures et qu’elle est fermée à présent. ses affaires sont rapidement glissées dans son sac avant de foncer jusqu’à la porte, mais elle a beau taper contre les immenses portes en bois, son appel semble vain. et puis elle se retourne saskia et puis y’a le regard de cette fille, jade si elle se souvient des paroles de ses frères et là y’a plus rien qui va, tout son organisme semble fonctionner à l’envers, son coeur se trouve dans son estomac et son cerveau ne semble plus irrigué correctement puisqu’elle n’arrive plus à penser clairement. salut. c’est bas, trop bas peut-être pour que la nouvelle arrivante ait pu entendre, alors elle recommence. salut, je l’ai déjà dis mais peut-être que c’était pas assez fort, alors je recommence, salut. ça je l’ai déjà dis, c’est la troisième fois maintenant. d’habitude je dis pas salut trois fois, ça serait bizarre, mais c’était pour que tu saches que je te dis bonjour. et elle sait pas comment s’arrêter saskia, prie pour que son cerveau se mette de nouveau à marcher, alors en attendant que ça arrive, elle sourit et croise ses bras sur sa poitrine, comme pour se protéger. de quoi, elle ne sait pas, mais cette fille a déjà réussi à mettre son cerveau sur off, alors mieux vaut être préparée à toute éventualité. c'est fermé. et elle montre vaguement la porte du doigt, trop occupée à se noyer dans le regard de la blonde.