crash (ainley)

chasing cars
#rplibre
poste à la suite, fais-toi plaisir

17:48
à l'horloge du téléphone. vibrations multiples, notifications sauvages. plusieurs messages qui s'agglutinent sur le visage de sa fille en fond d'écran - et lui d'étirer un sourire en voyant le nom qui s'affiche. la main sur le volant décroche une seconde (tout comme son attention sur la route), une seconde pour lire vaguement, de travers, les quelques mots adressés. des remerciements, un peu de sentiments. de ces mots tendres qu'on n'a pas l'habitude de recevoir, de cette douceur qui fait du bien au cœur meurtri.
c'est qu'il s'attendri.
il peut pas s'en empêcher.

les yeux de glace dissimulés derrière ces verres teintés percent tout de même de nouveau à travers le parebrise pour récupérer l'attention perdue une ridicule seconde. peut-être qu'il va un peu trop vite par rapport aux limitations, peut-être qu'il aurait pu voir ce feu passé au rouge - mais il était trop dans ses pensées. et tandis qu'il redresse la tête, ses glaciers percent aussi, par la même occasion, cette silhouette bien pressée de traverser. mais c'est déjà trop tard.

17:48
un coup de frein, coup de volant. les pneus crissent, l'engin dévie avec violence sur le côté. réflexes vifs comme on tenterait d'éviter une balle (( compte tes cicatrices, vois si ça a marché )) ; l'avant vient s'encastrer sans prudence dans le premier poteau atteint - et les autres râclent la portière, écaillent la peinture, enfoncent la carrosserie. un juron plus gros que lui échappe lorsque son pied se lève de la pédale de frein. il se précipite à l'extérieur, ouvre la portière - elle cogne contre un poteau, putain. pas le temps de reculer, il s'extirpe de là comme si la voiture avait été renversée, les bras sur le toit.

eh, ça va ?
comme un appel. à la fois inquiet et énervé, à l'intention de la personne qu'il a manqué de renverser. il lui faut un temps, court, pour sortir de là, habile malgré sa carrure. quelques pas, il contourne la voiture. putain, j'suis désolé. tout va bien ? la tension dans sa voix est palpable. une étincelle et ça explose.
faut qu'il garde son calme - pour se forcer, retire ses lunettes. dévoile la glace de ses yeux. ça devrait l'aider. ça pourrait l'aider.

faut que tout aille bien.
faut qu'il l'ait évité.
au pire, en état de choc.
au pire.

17:48
il a faillit tuer.

les cours qui se terminent, la journée épuisante. ainley n’a qu’une envie, rentrer chez elle. se poser tranquillement dans le canapé avec de quoi grignoter, histoire d’évacuer une journée un peu trop longue, un peu trop stressante, un peu trop studieuse. un peu trop tout. les écouteurs aux oreilles mais avec la musique à son plus bas niveau sonore, le sac dans une main, le téléphone dans l’autre, elle slalome dans les rues qu’elle ne connait que trop bien. elle pourrait presque faire ce chemin les yeux fermés. une chamaillerie sur un groupe whats app, des mots d’un professeur qui ne plaisent pas, elle a les yeux rivés sur les échanges qui vont tellement vite qu’elle n’a même pas le temps de réagir. le regard qui se lève à peine à l’approche du passage piéton, le petit bonhomme qui semble vert au loin sans pour autant qu’elle en soit persuadée. mais elle traverse quand même. sans prêter attention à la circulation.  après tout il y a des gens un peu devant elle, alors elle se dit qu’elle ne fait que les suivre et qu’au pire, elle n’aura qu’à accélérer un peu. et c’est finalement ce qu’elle fait. accélérer le pas avant que le petit bonhomme passe au rouge. toujours aucune attention à ce qu’il se passe autour. jusqu’au bruit assourdissant. le bruit d’un freinage qui vient percuter son esprit. elle sursaute, détourne le regard vers la voiture qui semble lui foncer droit dessus. et elle a pas le temps de réagir. ça va trop vite. beaucoup trop vite. la main qui lâche le téléphone. elle est incapable de bouger. son cerveau veut partir en courant mais ses membres l’en empêchent. comme pétrifiée. le coeur qui bat à mille à l’heure alors qu’elle regarde la voiture s’encastrer dans un poteau, toujours immobile. la main qui vient se porter à sa bouche, comme si son cerveau prenait conscience de ce qu’il vient de se passer. que la voiture vient de la frôler et que si le conducteur n’avait pas réagit à temps, elle serait certainement  passée sous ses roues. elle hoche la tête en entendant la voix d’un homme. est ce qu’elle va bien. oui. est ce qu’elle est secouée par ce qu’il vient de se passer certainement. elle s’approche de cet inconnu, « euh oui, ça va, enfin je crois. et vous ? vous n’avez rien ? » la voix chevrotante, peu sure d’elle. elle regarde l’état de la voiture et c’est la culpabilité qui commence à s’insinuer dans ses veines. et si elle avait regardé avant de traverser. et si elle n’avait pas eu le nez rivé sur son telephone. et si. « non. je. c’est de ma faute, c’est moi, je, j’ai traversé sans regarder » les mots ont du mal à trouver un sens. à se mettre dans l’ordre. c’est hésitant. elle croise le regard glaçant de l’homme avant de détourner les yeux. il est impressionnant. un peu trop pour qu’elle arrive à faire une phrase correcte. elle sait pas quoi dire, elle sait pas gérer. le pire a pu être évité par chance, mais reprendre ses esprits quand une voiture vous frôle de si près n’est pas évident.

immobile. figée. statue gelée sous ses yeux de méduse.
quand marius pose son regard sur sa silhouette fluette, il y voit ce qu'il doit y voir : une enfant. apeurée, traumatisée. lui, dans sa veste de cuir noir, avec sa gueule de mec trop habitué à ce genre de choses, il tressaille pas, mais elle. elle, le seul geste qu'elle peut amorcer, c'est un pas timide dans sa direction. dans ses yeux, l'homme y lit toute la détresse du monde - et ces regards ont toujours le don de faire déborder ses émotions. sa carrure solide comme un rempart pour lui-même. il inspire, cligne lentement des yeux.

ça va, on dirait pas, enfin je crois, ça n'a pas l'air d'aller.
et vous ?
et lui ?
quoi, lui ?
vous n’avez rien ?

elle a dans sa voix
le ton de la culpabilité.

pourtant c'est elle qui a manqué de mourir, n'est-ce pas ?
pourquoi s'inquiéter de lui, dans ce cas ?
il a une courte absence, marius. à battre des paupières, la bouche entrouverte, un peu secoué semble-t-il - sûrement plus par l'état de la jeune fille que par son propre accident, à reporter son attention sur le choc de quelqu'un pour ne pas avoir à encaisser le sien. hochement négatif de la tête, cependant, non. il n'est pas sûr de sa réponse, et pourtant sa voix grave passe ses lèvres avec une assurance démesurée. non, tout va bien. (( l'heure est à l'adrénaline ))
il devrait sentir sous peu, cependant, le contre-coup du choc dans sa nuque.
et cette dégoulinure rouge

qui part de son front,
jusque sur sa joue.

il reste attentif, marius, à son état à elle pour occulter son état à lui. comme une musique en arrière plan, une pensée l'obsède. et s'il y avait eu romy à l'arrière, qu'aurait-il fait ? pourrait-il se le pardonner ?

c’est de ma faute, c’est moi, comment peut-elle penser ça ?
il la dévisage, marius, de toute sa hauteur - il n'y peut rien, c'est une habitude -, avec ses grands yeux de glace déposés sans violence sur son minois juvénile. elle doit avoir à peu près la vingtaine (( ça te rappelle rien ? )), et ne semble pas franchement habituée à fréquenter des gaillards comme lui. d'où ses yeux qui fuient. j’ai traversé sans regarder, n'importe quoi. il reste silencieux, marius, lorsqu'elle parle de sa voix chevrotante. seul son souffle émet un son sourd, couvert par le vrombissement du moteur encore allumé. son regard s'accroche à un reflet au sol, à la diode blanche qui clignote. il se penche pour ramasser l'objet.

tenez. vouvoiement poli, d'usage, alors qu'il se relève pour lui tendre son téléphone, les écouteurs qui vont avec. venez. il ne faut pas oublier qu'ils sont encore en plein milieu de la route. d'une main posée entre ses omoplates, immense, puissante, il l'entraîne sans forcer vers le trottoir, en sécurité. et il a bien fait, puisque dans leur dos, une nouvelle voiture arrivait, passe sans s'arrêter sur le passage clouté.

s'il se désintéresse d'elle un instant, c'est pour zieuter l'état du pickup. une inspiration, amorce de soupir qui ne verra jamais le jour : en fronçant les sourcils, le geste réveille la plaie sanglante à son front, provoque une grimace mécontente. l'accident semble avoir été plus violent qu'escompté. cazzo, l'italien qui s'échappe de ses lèvres, tandis que se porte sa main à la plaie - et lorsqu'il regarde le sang au bout de ses doigts, c'est avec surprise qu'il constate ses propres tremblements.

Spoiler:

les jambes qui tremblent. l’état de choc bien présent. ça prend quelques instants avant de tout remettre en place dans la tête d’ainley. ce qu’il vient de se passer lui semble presque digne d’un film d’action, un truc à la fast and furious. et elle a clairement du mal à prendre conscience de tout ça. elle au milieu de la route, la voiture qui lui passe si près et qui vient s’encastrer dans un poteau. ça va vite, trop vite pour qu’elle puisse faire quoique ce soit. quand elle s’approche doucement de la voiture, elle sait pas trop ce qu’elle va trouver. enfin dans quel état elle va trouver l’homme qui conduisait. il a l’air d’un roc, presque intouchable à coté d’elle, gamine toute frêle encore traumatisée par ce qu’il vient de se passer. il semble aller bien, d’après ses dires. tout va bien. en tout cas, mieux qu’elle visiblement. elle y croit pas vraiment, parce qu’elle voit la blessure, le sang qui commence à dégouliner tout seul. mais c’est pas évident de tenir tête à quelqu’un qui fait deux fois sa taille, cet homme si imposant. « vous êtes sur ? » qu’elle se hasarde à demander toujours avec la même  hésitation dans la voix. il a l’air de s’inquiéter pour elle autant qu’elle s’inquiète pour lui. c’est touchant qu’un inconnu s’inquiète de cette façon alors qu’il aurait pu tout simplement s’en foutre. après tout, elle tient debout, elle n’a aucune blessure apparente. mais non, il est là, il semble un peu préoccupé par son état à elle. et lorsqu’il lui temps son téléphone, elle est reconnaissante. elle l’avait presque oublié. « merci » écran éclaté, évidemment, mais ce n’est rien de grave. c’est futile comparé à ce qu’il vient de se passer. elle le suit docilement vers le trottoir. pas un mot, pas un geste. elle sursaute au passage de la voiture juste derrière eux. heureusement qu’ils ne sont pas restés là, en plein milieu de la route, quelques instants de plus. un œil vers la route, comme pour s’assurer qu’ils sont bien en sécurité puis un regard sur le véhicule. elle n’y connait absolument rien en mécanique ou carrosserie, mais il est clair qu’il est en mauvais état. ainley grimace, se sentant encore un peu plus coupable. et la culpabilité grimpe encore plus quand elle voit la grimace de l’homme, sa blessure qu’il ne  semblait pas sentir jusqu’à présent qui se réveille. sa main qui tremble. c’est panique à bord dans la tête d’ainley. c’est à peine si elle ose s’approcher pour lui tendre un mouchoir. « tenez et appuyez sur votre blessure. une pression pendant plusieurs minutes devrait faire cesser le saignement » gamine absolument pas experte en médecine mais qui a trop souvent soigné son frère après des bagarres futiles. elle voit ensuite sa main qui tremble. ça l’interpelle. le contre coup de l’accident ? il est en état de choc ? ça l’inquiète vraiment. et elle sait pas vraiment comment réagir, parce qu’elle ne connait pas cet homme. « ça va aller ? vous voulez que j’appelle une ambulance ? un medecin ? »