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 cœur croisé (eddy)

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Marius Giostra
Marius Giostra
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MessageSujet: cœur croisé (eddy)   cœur croisé (eddy) EmptyVen 27 Nov - 19:09

chanson muette
d'un simple regard j'ai deviné
le parfum fragile d'un cœur brisé
@eddy padilla


son parfum l'a attrapé comme un chien de chasse le jarret d'un gibier.
il aura suffit d'inhaler pour s'enivrer ;
d'habitude, ces histoires commencent avec un regard échangé,
peut-être avec un sourire dans des cas les plus heureux.
mais cupidon n'a pas décoché
et j'ai continué à marcher.
c'est ses épaules qu'il aura vu en premier
dans toute leur splendeur, accompagnée d'omoplates saillantes.
et ses boucles brunes brillantes
en cascade sur sa nuque qui n'aura pas été épargnée
par le parfum qu'il portait.
odeur de fleur, peut-être, en tout cas c'était féminin
tant et si bien qu'il lui aura fallu un temps pour réaliser
que la transparence du haut dévoilait une peau veloutée
et que d'une femme, il n'avait aucun trait.
l'adonis tourne la tête, les yeux
pour lui adresser un regard
par dessus son épaule délicate.
et c'est comme un toucher divin
à aucun moment il aurait pu deviner
qu'il se laisserait désarçonner
par ses cils qui battent
et la douceur insolente de son visage.

bonjour.

le nez, dans les papiers, papiers à trier, bordel sur le bureau, pas différent de celui dans la tête. des notes, çà et là sur des post-it mornes, pense-bête, nota bene, et surtout les dossiers, pile de dossiers, des casiers derrière sa chaise pour ranger les dossiers, ça n'en finit pas. pense à appeler ton comptable, pense à appeler tes associés, pense à pense à pense à
relever le nez lorsque tu l'entends rentrer
et la porte qui se referme.

installe-toi.

tes yeux bleus qui rencontrent le noir des siens. jusqu'à ce qu'il se soit posé. regard gelé qui descend en même temps que lui enroulé dans son pull gris. l'habitude de fixer, (( tu t'attendais juste pas à te faire absorber. )) tu le reconnais, le minot. adieu aux tenues transparentes, au velours sur ses hanches et à ses épaules apparentes - qu'un pull gris aux mailles épaisses, de ces vêtements qu'on a depuis toujours, seconde peau usée.
tu l'as peut-être un peu trop regardé
marius
pour remettre exactement ce qu'il portait.

ton nom ?
froideur dans la voix, la même que celle dans les yeux. succincte, efficace, peu de mots, ils se serrent pour passer ses lèvres, dissimulées derrière sa barbe.
les mains dans la paperasse, à chercher d'un doigt son patronyme tapé à l'encre - comme sa peau, ces tatouages au visage qui l'interpellent (( ça ne devrait pas, vu la sienne )). attention furtive, glisse déjà ailleurs : une cigarette tuée dans le cendrier plein, un verre vide juste en face - et plus loin, cette fenêtre ouverte. sons discrets de la route. surtout pour échapper à l'odeur du tabac. il y en a, du monde qui passe. des personnalités différentes, hautes en couleur ou bien mornes, loin de tout ce qu'il a connu jusqu'à présent, marius. l'inventaire de quelques kilos de cocaïne et à qui la distribuer, c'est tout de même plus vite fait à trier que des centaines d'identités.
heureusement que t'as grandi dans l'illégalité.
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Eddy Padilla
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MessageSujet: Re: cœur croisé (eddy)   cœur croisé (eddy) EmptyVen 27 Nov - 21:42

hier

il se perd, un pas après l'autre.
et le silence hurle, soudain assourdissant.
froissement de tissus et froissement de peau.
il marche la tête basse, comme on courbe l'échine.
plie sous le poids de problèmes invisibles.
ce n'est pas la honte qui l'écrase ainsi,
simplement la certitude d'être - t o u t - p e t i t.

au détour d'un couloir, un pas après l'autre.
il croise des silhouettes sans les voir,
des fantômes qu'on observe tout juste.
courant d'air dans leur sillage, tandis que lui rase les murs.
alors, à son corps, à son visage, il ne prête aucune attention.
il ignore sa présence comme on oublie de respirer.

et il continue son chemin, un pas après l'autre.
à se perdre dans ses pensées.
jusqu'à sentir le long de l'échine un frisson saisissant.
lacéré par un coup de poignard dans le dos,
en plein cœur, à travers la chair.

un pas après l'autre, le voilà en train de ralentir.
et il se tourne, le gosse, un peu, à peine.
un regard en coin par-dessus son épaule.
le visage, la tête, le cou, jusqu'au buste se tournent.
pour affronter ce tourment hivernal.
le temps d'un battement de cils.

et voilà que son corps est à nouveau en mouvement.
et qu'il s'éloigne sans un mot
u n . p a s . a p r è s . l ' a u t r e

hier

bonjour. un signe de tête en guise de réponse, même s'il ne le voit pas. il ferme la porte dans son dos, sans un son, la discrétion féline d'un prédateur en pleine chasse, sûrement qu'il a cette volonté, non, cette envie de ne pas déranger. silence. il hésite, marque un temps sur le pas, le poids du corps danser d'un pied sur l'autre. le jean déchiré aux genoux, le pull délavé, l'air sûrement endormi, hurlant la fatigue des jours passés. installe-toi. les questions qui ont passé la journée à se bousculer dans son esprit. pourquoi ? une erreur ? une formalité ? quelque chose de mal ? on lui a murmuré qu'il n'était pas le seul et qu'ils allaient tous y passer. cela ne l'a pas rassuré. il affronte pourtant les billes bleutées de ses yeux, l'insolent, il les affronte en progressant et ne les lâche à aucun moment en asseyant, une jambe repliée sous son corps, comme il le ferait dans un canapé, l'autre repliée contre son torse. il touche plus la terre, le marmot, en équilibre sur sa chaise. mais il ne défaille à aucun moment, entremêle ses doigts et les dépose avec une légèreté affolante sur son genou. ton nom ? lequel qu'il se retient de demander. pas un sourire, à la froideur il réagit par l'indifférence superbe. mais il y a ses prunelles qu'il ne lâche pas. plus maintenant qu'il est parvenu à les emprisonner. eddy dans un souffle, docile. padilla, le ton chaud, ronronnant, sûrement que l'attention reviendra lorsque l'ego aura articulé l'alter. coco. le regard qui descend sur la paperasse. lui le premier reconnaît sa fiche, malgré le contre-sens. il l'a déjà vue, plusieurs fois. qu'il glisse sur le même ton, déchirant de calme, brûlant de douceur. et le doigt s'est tendu dans le même temps, désigne le papier, avant qu'il ne le ramène prudemment à lui, comme s'il avait fait une cruelle erreur. pardon.

excuse-toi
à ta place
brave gamin
pas bouger
si t'es sage
t'auras un os
à . r o n g e r


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Marius Giostra
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MessageSujet: Re: cœur croisé (eddy)   cœur croisé (eddy) EmptySam 28 Nov - 12:55

@eddy padilla

eddy. padilla. coco. là.

où ?
ah.
en effet.

merci.
pardon.
pourquoi ?

bleu blême des yeux posé sur la chaleur de sa peau, tranchante avec la sienne. ses doigts fins désignent le carton. pourquoi pardon ? interrogent les pupilles sans pour autant commander aux lèvres de l'articuler. regard figé sur sa silhouette ramassée. il a fait une bêtise, peut-être. on n'en saura pas plus. déjà les mains se saisissent du dossier, ouvert à la première page. nom, padilla, prénom, eddy, âge, 22 ans ; un regard en biais pour le confirmer. sexe, masculin, lieu de naissance, amsterdam, signé depuis 2016. toutes les dates enregistrées. contrat signé, renouvelé plusieurs fois - une attention particulière à la signature à son image, en bas de la page. on devine la légèreté d'un poignet dans les courbes des lettres.
une inspiration, lorsqu'il dépose le feuillet à plat.

entre eux.

bien. murmure. ses billes bleues ricochent contre le genou relevé jusqu'au visage juvénile du garçon. trop juvénile. ses boucles brunes le rajeunissent. marius. inutile de se désigner. on peut se tutoyer. ce n'est pas une question. il n'y a pas de question à poser lorsqu'on parle d'affaire. malgré sa solidité, son détachement, sa voix est basse. rassurante. chaleureuse, si on peut appeler ça comme ça. des changements récents ont été opéré à la direction de l'établissement. c'est presque récité, doucement, sans précipitation - tout de même assuré. il se cale au fond de son siège, marius, les mains collées au bureau, doigts entrelacés, nus, si ce n'est les tatouages qui décorent jusqu'à ses poignets. son regard si bleu (( on croirait qu'il ne cligne jamais des yeux )) dévisagent ce corps si frêle qu'il a en face. je reprends l'entreprise. sobrement. ça se passe de commentaires.

en se redressant.
c'est à moi qu'il faut s'adresser,
maintenant.


il se tend. récupère dans un socle transparent une carte blanche qu'il lui tend d'un geste lent par-dessus son bureau. il y a mon numéro. une pause. n'hésite pas. lorsqu'il retourne au fond de sa chaise. parler l'importune, et il ne l'a que trop fait ce jour-ci ; aussi, il se fait bref. d'un hochement de tête, il désigne le dossier. des modifications vont arriver. pour toi, pour tout le monde. prix, salaire, horaires, gestion. à la hausse ou à la baisse. il ne le dira pas.

cependant, un imperceptible changement dans son attitude. ses mains puissantes qui viennent se poser sur ses jambes, les pouces jouent doucement entre eux. j'aimerais que tu parles un peu de toi. de l'endroit. la voix chaleureuse. comment était-ce, avant son arrivée. se sent-il respecté. quelles sont ses relations avec les autres prostitués. il a entendu différents témoignages, espère que celui-ci sera différent des autres. d'un regard paisible (( néanmoins glacial )), il l'encourage : ne te retient pas de poser des questions. aucune n'est stupide.

il ne garantit cependant pas la réponse.
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Eddy Padilla
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MessageSujet: Re: cœur croisé (eddy)   cœur croisé (eddy) EmptySam 28 Nov - 16:07

merci politesse inattendue, elle interpelle son regard. battement de cils. une fois, deux. silence. silence en guise de réponse, à son regard interrogateur, silence devant ses yeux de cristal. silence devant son visage neutre, inexpressif. silence, silence, il n'y a que le silence. qui hurle entre eux. et quand l'un se détourne, l'autre respire à nouveau ((il ne s'était pas aperçu, qu'il retenait sa respiration depuis tout ce temps)). une peur évidente de la correction, la volonté acide de ne pas dépasser les bornes. car le moindre mot pourrait se retourner contre lui. contre eux, tous, ici. alors il reste sage, docile, tranquille. mais à l'intérieur, les idées se bousculent avec une énergie terrible. ses tatouages tranchent avec l'aura glaciale de sa peau. mafia indélébile inscrite à l'encre dans la chair. il est comme tous les autres à l'évidence.

un monstre de violence.

bien eddy, il a les doigts qui pianotent sur son genou, à peine, tout juste. fausse impatience; et ses yeux font de lents va-et-vient entre le visage de l'homme et ses ongles noirs, rouges, jaunes. marius alors l'homme devient marius et l'anonymat s'efface. enfin. hochement imperceptible de tête, en guise d'enchanté muet. dans un autre temps, il aurait esquissé une brève révérence. on peut se tutoyer une première nouveauté, détonante avec le reste; avec sa position, avec sa stature. avec son importance. ici, on ne tutoie que les clients qui le demandent et les putes, le reste est un cran au dessus, dans la chaîne alimentaire. des changements récents ont été opéré à la direction de l'établissement. nouveau mouvement de trogne, toujours aussi lent, il n'acquiesce pas, l'enfant, marque simplement sa compréhension de la situation. cela signifie un nouveau système, de nouvelles règles, une nouvelle hiérarchie, quelques bouleversements dans les étages. pas grand-chose ne le concerne, cependant, il n'a pas l'ambition nécessaire pour se faire plus important. je reprends l'entreprise. bienvenue, alors. cela sort tout seul, dans un souffle. dénué d'ironie.

il tire sur ses manches, le gamin, dissimule une main dans cette dernière, recommence avec la seconde ((y'a que son pouce qui s'échappe par un trou dans les mailles)) c'est à moi qu'il faut s'adresser, maintenant. il s'est redressé et par réflexe, le brun s'est un peu plus ramassé dans son siège. s'effacer pour laisser l'autre prendre la place. l'habitude un peu trop tenace, mais dans ce milieu là, on apprend rapidement à faire profil bas. y'a qu'avec les autres, que ça rayonne. il y a mon numéro il lui faut se redresser, s'étirer pour saisir la carte tendue au-dessus du bureau, sans pour autant se dénouer de sa position. n'hésite pas d'accord des modifications vont arriver. pour toi, pour tout le monde. serrer les dents, le regard noir qui s'embrase en un instant. des modifications vont arriver. pour toi, pour tout le monde. et les yeux qui se plissent, accusateurs ou suspicieux. il se tait bien sûr, mais la méfiance est désormais palpable, s'étend dans la pièce comme un démon s'accaparant tout l'oxygène. pas de menace, mais une lueur de défi, la détermination dans les prunelles. qu'il réduise les salaires déjà pas et qu'il révolutionne le système, il perdra la moitié de ses filles. très bien les mots lancés au compte-goutte, la voix basse et tendre malgré tout, elle vient effacer d'un revers de main ce que ses yeux ont laissé voir de sa personnalité. j'aimerais que tu parles un peu de toi. de l'endroit. haussement de sourcils, il ne cherche pas à dissimuler sa surprise. de moi ? question rhétorique, il a parfaitement entendu, c'est justement ce qui l'interpelle le plus. ne te retient pas de poser des questions.

un sourire
fend ses lèvres;
incendiaire, tant il est
b r û l a n t.

il n'y a pas grand-chose d'intéressant. il change de position, c'est en tailleur qu'il se trouve désormais, les bras reposés sur ses cuisses un peu trop fines. ça fait quatre ans que je suis là. ça, c'est dans le dossier. je suis un des plus anciens. à mon étage, je veux dire. ça, c'est pour révéler l'ambition déplorable, lui reste quand les autres grimpent les échelons. je pourrai te renseigner, si tu as besoin, sur les autres. ce qui n'est pas dans le dossier. les histoires personnels, les traumatismes, les expériences. liste macabre dans son esprit. quand on reste si longtemps au même endroit, on en saisit les rouages. je n'ai pas fait beaucoup de maisons, mais ici c'est confortable. il parle prudemment, surveille ses mots comme on surveille un animal qui a la rage. il y a des erreurs à ne pas commettre. à se demander qui tente d'apprivoiser l'autre. silence. il l'observe fixement, en silence un instant, avant de se jeter dans le vide, sans sourciller un instant. oui, j'ai deux questions il s'est penché en avant, un peu, à peine, le dévisage avec une attention terrible, certains le diraient insolent, mais à bien y regarder, il semble surtout happé par ce visage qu'il tente de déchiffrer. déjà, si tu prends certains de nos créneaux, tu nous paieras, comme un client ordinaire ? une pause, ne pas lui laisser le temps de répondre et enchaîner. ensuite, tu vas utiliser ce que je dis contre moi ? et il se redresse, sans se détacher de cet air glacial qu'arbore l'homme, ne le quittant pas des yeux, sous les boucles brunes qui tombent en cascade sur son front.


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Marius Giostra
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MessageSujet: Re: cœur croisé (eddy)   cœur croisé (eddy) EmptySam 28 Nov - 22:22

@eddy padilla

oui, de toi.
douceur.

il n'y a jamais grand-chose d'intéressant lorsqu'il s'agit de parler de soi, marius en a bien conscience. lui-même plutôt mutin à ce sujet, il se contente généralement de se faire livre à lire pour qui veut bien s'en donner la peine - et la peine, elle est marquée, partout sur lui. (( elles sont pour qui, ces ailes fraîchement tapées, hein ? )) aussi, ça ne le surprend pas, la discrétion dont fait preuve le garçon. plus bavard que lui - tâche peu ardue - néanmoins détaché de sa propre personnalité, se rendre disponible pour l'interlocuteur, louer l'endroit pour ne pas mal se faire voir. ce n'est pas le premier qu'il voit passer qui se fait aussi effacé, et il imagine que c'est quelque chose relatif au métier. se faire chat dans des draps, dire amen à ce que le corps demande puisqu'ils sont payés pour ça. son ton réservé, l'attitude prudente. il a raison, eddy, au final, de rester dans son rôle. alors il acquiesce sagement, le patron. respecte les informations que ne veut pas donner le garçon ; il les obtiendra sûrement de quelqu'un d'autre, de toute façon.
il suffirait pourtant
de demander,
giostra.
oui, j'ai deux questions.
ils se dévisagent. yeux rivés l'un sur l'autre. pas comme des fusils braqués, non (quoique la noirceur de ceux qu'il a en face pourrait y faire penser), pas en chien de faïence non plus. non, c'est autrement. autrement plus curieux, autrement plus sage, plus distant. il a l'œil brillant, l'enfant, et l'homme porte sur lui quelque chose de paternel, d'apaisant. comme s'il essayait de l'approcher, ne pas l'effrayer. derrière son regard gelé, la lourdeur d'une vie passée à trop gueuler pour faire fuir. là, c'est la douceur de son visage qu'il ne veut pas voir déguerpir.

la même
l'insolente
douceur dans ses yeux
v e n i m e u s e
et toi,
de ce poison
tu fais un cul-sec

si tu prends certains de nos créneaux... le regard s'est figé. oui, c'est vrai. les avantages sur la marchandise - il faut bien qu'il y en ait à diriger. ça aurait pu le faire rire, lui et sa vie chaste loin de se laisser désinhiber. ça aurait pu le faire rire si ça n'avait pas été une réalité. inspire, à la fin de sa phrase. il veut juste savoir, eddy. il s'en est passé des choses, entre ces murs - marius songe à rafraîchir l'endroit. tu vas utiliser ce que je dis contre moi ? non. sans temps mort. un seul mot. son regard glisse jusqu'à la ramette de papier, bien blanc bien entassés, de laquelle il tire une feuille. un stylo d'une très grande modestie, et il commence à noter.

les associés et la direction ne paient pas les prestations. mais les réglementations vont changer. une pause pour relever les glaciers qui lui servent d'yeux. vous n'en pâtirez pas. il aurait aimer lui dire que lui ne les touchera pas. que ce qu'ils ont pu vivre avec l'ancien patron est loin derrière eux, qu'ils n'ont pas à le craindre lui - mais ce serait se mettre en danger. s'impliquer trop d'avance.
leur confiance, il lui faut la gagner.
comme ce sourire
qui lui a foutu le feu.

il y songe encore.
pensée obsédante.

la main cesse d'écrire. quand il se redresse, elle glisse dans sa nuque avant d'autoriser ses yeux se à jeter sur la silhouette en face. un silence s'installe. silence durant lequel on pourrait presque entendre le vent polaire souffler dans sa direction, au gosse. mais qu'est-ce que tu fais là, si jeune, bon sang. dire qu'il y en a même un encore mineur... tu peux parler sans danger. la méfiance. le poids des traumatismes muets, de ceux vécus dont on ne peut pas parler. il est vif, ce garçon, il craint de dire mais aimerait pouvoir le faire sans risquer sa peau, ou celle des autres (( et on ne peut l'en blâmer )). de nouveau, ce temps mort. mort de froid. laisser ses mots flotter, comme des particules, flocons givrés. je ne suis pas ton ennemi.
il n'a pas pu s'empêcher de le dire.
au moins, marius,
le message est passé.

tu souhaites partager autre chose ?
le stylo dans sa main s'agite.
protocolaire.
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Eddy Padilla
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MessageSujet: Re: cœur croisé (eddy)   cœur croisé (eddy) EmptySam 28 Nov - 23:13

les doigts enroulés autour de ses chevilles, le dos droit, le regard fixe, perturbé par quelques battements de paupière un peu trop vifs. prudence, prudence terrible. de son visage inexpressif, de son détachement de façade, le voilà qui instaure un peu plus de distance. l'entretien protocolaire, professionnel. il regarde la feuille. puis le stylo. les associés et la direction ne paient pas les prestations. mais les réglementations vont changer. une moue, répond au regard d'acier, plissement de nez, la babine qui se soulève à peine, dubitative. vous n'en pâtirez pas. il a envie de lui dire, que les belles promesses ne l'atteignent pas. qu'en interne, il a cessé d'y croire depuis longtemps, qu'il faudrait se montrer autrement plus convainquant. mais il se tait, le quitte des yeux pour observer la feuille. et les mots étroits qui s'y glissent sans qu'il ne puisse les déchiffrer. il a une écriture d'adulte, vive, sérieuse. il est encore en train de l'observe lorsque la pointe du crayon quitte le papier. et il relève ses prunelles à l'instant où l'autre reporte son attention entière sur sa carcasse. comme pris sur le fait, il se redresse, change de position, ramène ses jambes contre son torse, les mains posées sur ses genoux ((d'elles on ne voit que ses doigts, dépassant des manches trop larges de son pull)) silence. tu peux parler sans danger. silence, silence.

je ne suis pas ton ennemi.
mais qui pour le prouver ?

il plisse les yeux, comme s'il cherchait à le sonder, réduire son âme à néant d'un regard ou le percer à jour. sûrement tout cela à la fois. pourtant, il y a quelque chose de rassurant, dans ce ton paternel, cette attitude glaciale, détachée, mais les mots concernés employés. étrange personnage que le nouveau patron. le plus professionnel qu'il n'ait jamais eu. tu souhaites partager autre chose ? le mouvement du crayon le stress, cela se devine immédiatement au regard qu'il lui lance brièvement avant de revenir aux yeux de glace. oui qu'il souffle en soutenant son regard. une inspiration. il n'y a qu'une façon de savoir. et eddy aura le courage, la naïveté ou l'insolence que les autres n'ont pas. le tout enrobé d'un air tranquille et d'une voix suave.

au rez-de-chaussée, y'a le radiateur dans la chambre de maria qui fonctionne plus depuis deux mois. on a déjà signalé le problème, à plusieurs personnes, plusieurs fois même, mais on n'est pas dans la catégorie des plus choyés ici. deux mots de ta part suffiraient pour que l'intendance se bouge.

(( elle a froid, tu sais ))

j'ai fait une od le mois dernier, je suis pas le seul, c'est jamais grave, mais plutôt courant. si tu pouvais limiter les résa drogue par jour, on bosserait mieux et on serait plus en sécurité. pas que ça soit mortel forcément, c'est plutôt qu'on n'a pas de quoi payer les soins qui vont avec. et ça nuit au boulot.

(( c'est épuisant, tu sais ))

adam et joris, qui s'occupent de la sécurité du deuxième, ils violent régulièrement des nanas de chez nous, en leur promettant que ça les aidera pour la suite. ça dure depuis un an au moins, je pense pas dire de connerie en disant qu'ils sont passés sur tout le niveau et que t'imagines bien que personne n'a eu de promotion.

(( les nanas, c'est au sens large, tu sais ))

ingrid, au premier, a avorté y'a quinze jours. elle l'a hyper mal vécu. elle a besoin d'un suivi psy j'pense, mais elle sait pas à qui s'adresser. ça me semble important. je sais pas si tu peux faire quelque chose pour ça ou si ça te concerne mais…

(( mais tu serais une bonne personne,
si tu faisais ne serait-ce que semblant
d ' ê t r e . t o u c h é ))

par vos histoires,
par vos vies,
par vos emmerdes, surtout.
et par vos silences,
parce qu'en général
y'a personne pour vous entendre


si t'es pas notre ennemi, je suis sûr que tu feras au mieux. et il est de retour, le sourire. petit, au début, fragile. mais il grandit au fil des secondes, s'étire, encore et encore. un silence. sa langue qui passe sur sa lippe, ses dents qui la frôle à leur tour. si le geste est sensuel, il n'a rien de lascif. il le fixe. et le coup de grâce arrive, car malgré la violence des mots, le ton reste indécent de gentillesse. et si t'as menti, c'est moi qu'il faut faire taire, pas mêler les autres à ça. le poing qui se ferme, la joue qui s'y appuie. et il soutient le glacier de ses yeux sans faillir. il l'absorbe même, dans la profondeur de son regard ébène. et le sourire meurt lentement sur ses lèvres.


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Marius Giostra
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MessageSujet: Re: cœur croisé (eddy)   cœur croisé (eddy) EmptyDim 29 Nov - 16:44

@eddy padilla

il est méfiant, l'enfant. à raison ; des histoires, marius en a vu, lu, entendues. depuis tout petit, immergé dans cet univers aussi néfaste que coloré. de jolies pilules difficiles à avaler. cet endroit n'échappe pas aux affaires sordides, ni aux abus de pouvoir et à la pulsion malsaine des hommes - alors si il peut, juste un peu, améliorer cette vie qu'ils ont tous ou pas choisie.

oui.
comme l'annonce du départ de la course.
les billes bleues attentives, visage relevé, détaché de la feuille griffonnée. la mine posée sur le papier, prête à démarrer. il y en a des choses à dire, ici, et comme partout ailleurs. ce gosse se jette la tête la première dans la gueule du loup sans même savoir s'il a déjà mangé ou pas. méfiant mais pas peureux. il tient tête au prédateur comme s'il avait appris toute sa vie à ne pas en avoir peur (( on ne peut sûrement pas lui faire plus de mal que ce qu'il subit déjà. )) et y a tout qui sort, à travers ses lèvres auxquelles marius reste désespérément pendu.
désespérément.
les attraper avec ses yeux
à défaut de pouvoir les attraper tout court.

le radiateur, il imagine bien qu'en cette saison c'est une catastrophe pour la pauvre âme. une od le mois dernier, c'est problématique en effet - déjà tellement de morts sur les bras. adam et joris, il en attendu parler. cette histoire revient sans arrêt, et ce n'est pas à tolérer. suivi psy, comme si ça le concernait. et pourtant, sa compassion est piquée au vif.

si t'es pas notre ennemi...

ce n'est pas ton ennemi, eddy,
mais ce n'est pas non plus
le héros que tu aimerais qu'il soit.


c'est moi qu'il faut faire taire.
et pourtant,
c'est lui qui se tait.


le silence.
celui qui s'installe en achevant d'écrire.
merci qui perce lorsque la plume se pose sur le papier. ça pourrait être compléter de quelques confirmations, j'en prends bonne note par exemple, mais non. mentir n'est pas dans ses habitudes - la langue de bois encore moins. trop honnête, marius, trop franc ; il a appris à ne pas parler. ses silences sont ses meilleurs arguments. aussi, il prend un temps pour réfléchir. ses billes bleues roulent sur les mots griffonnés vivement, comme pour faire le bilan. passer en revues, longuement, les éléments cités - et sûrement, quelque part, déjà les projeter dans la réalité.

tu es si gentil,
eddy.

tu as relevé quelques points que je voulais aborder.
c'est sa voix qui crève l'abcès. silence rompu vole en éclats, et son timbre les propulses contre les murs, loin d'eux - et la seule chose qui répond à ce sourire, c'est son regard délicatement posé dessus. une fraction de seconde, cependant, non-pas honteuse mais curieuse, avant de remonter jusqu'à ses yeux noirs.
à eux, ils se font galaxie.
concernant la santé.
à ton tour
de chanter.

tu vas recevoir sous peu un rendez-vous médical, en dehors de tes horaires de travail. bilan de santé et psychologique complet. puis, pour anticiper : si tu as des questions, tu leur posera directement. regard figé dans ses yeux, il essaye de voir son esprit à l'intérieur d'eux - il a bien remarqué comme lui essayait de le décrypter. s'il y parvenait, il pourrait lire à quel point marius est concerné : la date qu'il a noté plus tôt en haut de la feuille indique la dernière fois que le gosse a été ausculté. aberration. au moins une année.

la maison tournera mieux
avec des plaies pansés.

pour ce qui est de la drogue. il a repris, sans vraiment lui laisser le temps d'acquiescer. les mains croisées sur sa feuille, il cligne lentement des yeux. sujet délicat, il est nécessaire de ne pas trop en dire. la maison change de fournisseur. inutile de mentionner sa double casquette. la came est limitée, de meilleure qualité, les prestations seront donc plus chères et plus régulées. une pause, brève. pour la consommation personnelle, ça sera surveillé, déduit du salaire. n'importe qui imaginerait mal un gamin comme celui-ci, avec ses grands yeux noirs pleins de vie, subir les affres de quelconque substance ; il faut être conscient de la réalité du milieux et de ses failles pour ne pas en subir les conséquences.
(( t'es sûrement ce qui pouvait leur arriver de mieux, marius. ))

tu es pas mal demandé. il reprend après un temps mort. en quatre ans tu t'es fait une clientèle. possible d'anticiper la question ; il hoche la tête dans sa direction. tu ne souhaites pas changer d'étage ?
ou alors on ne te l'a jamais proposé.

pauvre oiseau en cage.
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Eddy Padilla
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MessageSujet: Re: cœur croisé (eddy)   cœur croisé (eddy) EmptySam 5 Déc - 17:33

il a la bouche sèche, d'avoir trop parlé. la voix qui s'est sûrement un peu usée. il faut dire qu'eddy n'est en rien le porte-parole des laissés pour compte, ni même un bon représentant de cette catégorie. les déchets au bas de la chaîne alimentaire, ils ont du mal à s'exprimer. trop habitués à se faire fermer la gueule à coups de poings, ils préfèrent le silence aux misères, limiter les dégâts en sachant que ça ne pourrait qu'aggraver les choses. ((alors pourquoi eddy as-tu parlé ?)) sûrement parce que la peur est enterrée avec le reste. sûrement qu'elle est surpassée par le (dés)espoir, ou la résignation. il a tout vu, le gosse, bouffé de la méfiance à s'en faire dégueuler, piétiné par les humiliations successives, plus grand-chose à quoi se raccrocher, toutes les branches sont sèches et brisées. univers néfaste à en suffoquer.

il a pas peur, pas peur de ce qui l'attend, pas peur de se noyer, pas peur du grand bain, pas peur de demain, pas peur du moment présent, qu'est-ce qu'il pourrait lui faire, qu'on ne lui ait pas déjà fait subir ? le tuer ? pas peur de la mort, non plus. pas peur des autres, des clients ou des molosses, pas peur de grand-chose qui le concerne en vérité, gamin spectateur de sa propre vie, en permanence dissocié. c'est sans doute de là que vient l'air tranquille affiché par coco lorsqu'eddy s'endort dans les méandres de son esprit. la langue qui se glisse sur ses lèvres, furtivement, encore. on entend plus dans le silence que le poids de sa respiration.

merci
pour quoi ?
pour l'affront ?
pour les mots ?
pour la franchise ?

le regard oscille entre la feuille de papier noircie par la mine et la main qui tient la plume, avant de remonter avec langueur, paresse, vers le visage qui surplombe le tout. entre les doigts, tourne et tourne la carte avec le numéro du grand patron. comme une autorisation d'accéder au paradis. la trogne d'eddy toujours fermement appuyée sur son poing clos. il ne le regarde pas, l'homme au costard, il semble absorbé par les mots, les notes, les paroles qui résonnent encore dans la pièce désormais silencieuse. alors l'enfant a tout le loisir de l'observer, les tatouages, le grain de sa peau, la couleur de ses cheveux, les cernes sous ses yeux, la largeur de ses épaules. et comme à chaque bouleversement la question semble murmurée du bout des lèvres. est-ce que ça sera lui ?

lui qui vous condamnera tous

tu as relevé quelques points que je voulais aborder. l'attention qui revient, plus forte ; il redresse la trogne, le gosse, plie son bras appuyé sur ses genoux et le menton sur ce dernier. pour mieux le bouffer des yeux. le bouffer, lui et son sérieux. lui et ses promesses vaines. lui et ses illusions. lui et ses mensonges. il n'a rien d'effrayant l'enfant, mais il l'observe pourtant comme s'il attendait patiemment une condamnation à mort, ce on-ne-sait-quoi de culpabilisant au fond des yeux. concernant la santé. et puis, il parle. il parle, marius. il mentionne le rendez-vous médical, et ça surprend eddy, assez pour que passe sur son visage, une expression étonnée. et y'a un sourire sur les lippes de la prostitué. plus amer. dénué de joie. un sourire furtif qui meurt déjà. l'envie de rire, de dire que c'est trop tard, que la psychologie est bancale et que le physique est éreinté. que s'il est jusqu'ici passé entre les mailles du filet des mst, ça finira bien par arriver. mais non. non, y'a rien, rien de plus que ce sourire déjà disparu.

pour ce qui est de la drogue,
la maison change de fournisseur.

ben voyons,
hurle le battement de cils.

limitée. qualité. plus chères. régulées. l'envie de hurler ((et la cure de désintox', tu vas la financer ?)) mais il se tait, encore et encore. pince les lèvres et baisse les yeux vers la feuille, non pas intimidé, mais pour tenter de lire entre les lignes, à défaut de parvenir à déchiffrer le visage de l'homme. pour la consommation personnelle, ça sera surveillé, déduit du salaire. ce n'est pas lui qui sera le plus embêté par cette mesure. tu n'es pas le plus suicidaire ici.

tu es pas mal demandé.
le visage qui se relève avec vivacité.
en quatre ans tu t'es fait une clientèle.
le regard qui vacille, se détourne,
droite, gauche, revient à lui.
tu ne souhaites pas changer d'étage ?
i n s p i r a t i o n

on me l'a jamais proposé. le ton n'a rien de larmoyant. il est étrangement neutre, professionnel, prudent. il a redressé la gueule, le dos aussi, ses doigts pianotent sur ses genoux, la carte de l'homme coincé entre l'index et le majeur. mais mais mais mais, toujours ce mais. il y a des gens ici qui travaillent dur, pour monter. arrivés bien après lui, les ambitieux ; ceux qu'il ne sera jamais. et dont c'est l'objectif à court terme ((et toi, eddy, c'est quoi, ton objectif de vie ?)) il parle pas de ceux qui sont en bas et qu'il ne veut pas abandonner, il parle pas non plus de son manque de perspective, il mentionne pas le poids sur ses épaules, sa carcasse désabusée, l'abattement quotidien, grimper dans l'échelle sociale mais à quoi bon quand à minuit passé, la peau d'âne vient remplacer l'élégante robe de soirée ? ils méritent plus que moi. un sourire. un putain de sourire. d'une douceur qui vous prend à la gorge, discret, pudique, tendre, inquiet, concerné, aimable, brûlant.

je les aime tu entends
je les aime
et je les protège
y'a que ça qui me rende heureux
y'a que ça qui m'aide un peu ;


je crois
que ça serait plus juste.

(( mais que connais-tu
de la justice, gamin ? ))


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Marius Giostra
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MessageSujet: Re: cœur croisé (eddy)   cœur croisé (eddy) EmptyMer 9 Déc - 15:15

@eddy padilla

on me l'a jamais proposé.
dans le bleu gelé de ses yeux brille l'étonnement, sans pour autant que son visage ne s'ouvre particulièrement. comme concerné, un regard à son dossier, le papier qui bruisse entre ses doigts - et il est étonnemment délicat, pour un homme de sa carrure. un œil jeté au suivi, curieux, un peu intrusif, tout de même sous son nez. pas une seule proposition de refusée.
pas une seule évolution proposée.
il y a des gens ici qui travaillent dur, pour monter. son regard gelé qui heurte son minois juvénile et sa silhouette rassemblée. tu m'en diras tant, qu'ils hurlent, sans pour autant que le visage n'en moindre la moindre particule. c'est l'objectif de certains - et vu le gratin au dernier étage, ainsi que les clients qui louent leurs service, il y a de quoi vouloir évoluer, oui. marius est habitué, à ce système, en connaît tous les rouages. les habitués veulent toujours les mêmes, et c'est là-dessus qu'il faut jouer. si la clientèle demande, la clientèle obtient. alors pourquoi eddy n'a pas encore tenté sa chance ?

ils méritent plus que moi.

inspiration silencieuse.

c'est qu'il ferait fondre la glace de ses yeux, avec ce sourire si chaleureux.
discret, pudique, tendre, inquiet, concerné, aimable, brûlant.
b r û l a n t
(( il pourrait
te consumer ))

pourtant, il bat seulement des paupières, marius. barrière contre la chaleur de ses lèvres étirées. une putain de mouche attirée par la lumière, il risque de s'y jeter. et d'y cramer, tout entier. cette douceur, cette candeur même. ça serait plus juste. cette audace. qui est-il, pour décider de ce qui est juste ou non ? qui est-il pour refuser une évolution ? qui, pour considérer autrui mieux que lui ?

eddy
padilla
22 ans
prostitué
premier étage
2016
ça serait plus juste.

rien d'autre qu'un gamin perdu, esseulé, attaché aux tristes relations dans lesquelles il trouve un réconfort absurde et fallacieux, néanmoins nécessaire à sa survie.
on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a.

bien. voix tonnerre, mots éclairs. tessiture grave, comme le son macabre d'un violon. il ne veut pas pleuvoir pourtant, marius, très loin de là. sérieux. soucieux. constant - et surtout, surtout, pas un ennemi. on verra. mise en attente, des nouvelles bientôt, à mettre de côté, nota bene, à faire, je vais y réfléchir. inspiration, souffle. ses yeux gelés sur ses doigts fins, dissimulés sous la manche de son pull.

est-ce que
tu veux dire autre chose ?

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Eddy Padilla
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MessageSujet: Re: cœur croisé (eddy)   cœur croisé (eddy) EmptyVen 8 Jan - 13:29

t'es responsable, marius, qu'il a envie de lui dire. toi ou celui d'avant, tous les mêmes, tous les autres, molosses hargneux de la bave plein les lèvres, de voir tant de corps ou de profits danser devant leurs yeux. responsable de lui, d'eux, d'elles, de ces carrières, de ces évolutions, de ces perspectives tuées dans l'œuf avant l'éclosion. il ambitionne pas, le gosse, ne rêve plus non plus. c'est pas un plan de carrière, de faire le tapin, quoique certains puissent en être fiers.

mais on fait quoi, quand on est si jeune
et qu'on n'a déjà plus d'avenir ?

on se raccroche, aux autres, à ce qu'il reste; et s'il reste pas grand-chose, on cherche, on trouve, on essaie. et si on tombe, on se relève. et si on se brise les ailes, alors on en fabrique de nouvelles, moins assurées, moins belles, des ailes de papier qui font à peine décoller. mais l'important c'est plus de voler, juste de planer pour pas sombrer. il bat des cils, eddy, et son sourire refuse de crever devant l'air impassible du nouveau maître des lieux. il en faudra plus, pour l'abattre. plus que des regards de glace, plus que des regards éteints.

bien
coup de fouet,
la sentence tombe.

le dossier est clos ? le gamin n'en sait rien. il se tasse au fond de son siège, se renferme un peu plus, comme si son corps n'était qu'un bouclier contre le monde du dehors. sans doute est-ce le cas. sans doute n'a-t-il que ça, comme maigre défense. on verra verra ? voir quoi ? la langue sur ses lèvres, l'interrogation au fond des yeux, mais celle-ci restera muette, une simple étincelle au fond des prunelles. il n'y a rien à voir. le gosse se pliera à la volonté du patron, le chien obéit à son maître, c'est ainsi que les choses fonctionnent.

dans la carcasse qui lui fait face,
l'ennemi plane, comme une menace.

mais il acquiesce, à peine. sent le regard de glace sur ses doigts gelés, les dissimule un peu plus dans les manches de son pull. est-ce que tu veux dire autre chose ? non la réponse vient d'elle-même, dans un souffle, avant qu'il ne se redresse. les pieds qui viennent se poser à plat, sur le sol; le corps endoloris, gelé, rouillé, usé, fatigué. oui, fatigué. j'en ai dit assez et le pour l'instant qui perce, dans le timbre de sa voix. il n'y a plus qu'à attendre. attendre et voir ce que vaut le nouveau patron. si tous les maux seront effacés, si des corrections seront apportées. attendre, avant d'en dire plus et de risquer sa place et sa vie tout à la fois. attendre, comme on attend un client, comme on attend que cela passe et comme on attend le prochain.

les mains à plat sur ses cuisses.
les yeux noirs plongés dans son regard.
je peux y aller ?
et le sourire, sur ses lèvres, qui persiste.

comme un à bientôt.


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