remember the name —

22 déc. après-midi. — les yeux perçants. scrutant les allées et venues de la ville. les différents visages. quelques noms en tête. faute d'avoir grandi parmi eux. "grandi". les paquets qui subliment la fin de leurs membres. que ce soit de marque. ou au rabais. noël approchant à grand pas. goût amer coincé dans le fond de la gorge. n o ë l. quelle vasque blague. fête ridicule. sans utilité. et les gamins qui crient. s'émerveillent. bavent devant tant de chose. magie qui disparaîtra bien vite. laissant une profonde nostalgie d'une enfance bien trop naïve. et rangé dans un coin. tel un mal-aimé. stijn observe. un bout de papier coincé entre ses mains gelées. écrit à l'encre noir. écriture incertaine.

kick buskirk.

kick. k i c k. kick my ass. quatre lettres d'une importance presque effrayante. la mine grise. il savait à peu près qui c'était. nom lu déjà entre deux autres. réalisateur d'un nouveau genre. et dans cette ville. y en avait pas deux. grande perche. au mèche blonde. difficile de ne pas passer à côté. et il l'avait trouvé d'une banale facilité. sans pour autant l'approcher. resté en retrait. à quelques pas. quelques mètres. observer la bête. de bas en haut. — alors c'est lui. ton hautain. expression mitigée. faut dire que y avait pas vraiment de ressemblance. ou bien, il fallait bien plisser les yeux. déçu. et maintenant, il attendait. là. au coin de cette ruelle. une seconde d'attention. et il l'avait perdu. dernière bouffée. cigarette vite jetée sur le sol. écrasée avec force. sans un regard. peut-être qu'il allait réapparaître. ou qu'il était déjà bien loin. qui sait. mais après tout. il pouvait bien attendre. personne ne l'attendait lui. appartement vide. il est libre.

vingt-deux décembre. les jours qui défilent, les mécanismes qui déraillent. tu sais pas pourquoi, ce temps là, ça fait fêler plus fort les gens fêlés. peut-être parce que leur malheur naturel clash avec le faux bonheur que les cons se trouvent quand ils se retrouvent. le temps parfait, quand y fait aussi froid dedans que dehors, pour perdre sa tête, pour s'arracher sa vie, youpi. quand y a personne pour les arrêter, personne pour s'en inquiéter, trop occupés à lisser les nappes, à s'agenouiller pour les pardons, à cuisiner trop de nourriture que personne mangera au final. pas pour toi, cette année, ni jamais. ça te débalance, faut pas trop y penser. il y a bien ta colombe que tu convaincs de se laisser enlever par tes soins. mais le vingt-cinq au matin te terrorise. tu t'étais habitué, au dégoût, t'avais ton bon plan qui tombait dans l'acide. fallait pas y penser, fallait y penser le moins possible, parce que sinon les démons reviendraient te baiser la nuit, t'empêcher de dormir. tu te fêlais probablement à l'unisson avec ton vor. pas certain que ça non plus c'était une option, du baby-sitting des fêtes. tu préfères noyer le tout dans un bar de maredrop, dans quelques lignes blanches. la dernière qui chatouille encore le nez quand tu traines ta tronche de zombie dans la ruelle, la clope au bec, les doigts perdus dans ton portable à savoir qui comblera ton vide ce soir. pas envie de nouveau qui se ressemble, qui se risque quand t'es au bord de la vrille. ksenia jamais up pour te sauver quand t'aurais besoin d'elle et que tu ne le diras jamais même sous torture. fucking bitch. quand le loup passe dans la ruelle, les yeux, les pensées sont ailleurs, mais il y a l'instant qui se réveille. l'échine qui te chatouille sous la lourdeur d'un regard que t'y sens de la part de quelqu'un que tu n'as pas vraiment pris la peine de regarder. le corps qui s'arrête au détour, le nez qui hume l'air, le portable qui se range, la main qui se glisse dans la poche, adossé au mur, tu fumes, tu attends. y a peut-être ta blonde qui répond, mais tant pis, trop tard. le reste de la cigarette vole jusqu'à contre le mur, quand t'y retourne, revient dans la ruelle. repasse, t'approches, le regard qui coule sur le gamin perdu. l'instinct qui dit qu'il y a un truc louche, quand tu t'approches sans jeter un regard par-dessus l'épaule. parce que tu ne fais rien de mal, encore. juste un sourire de prédateur vers ses boucles, un regard curieux qui coule sur lui, qui analyse la marchandise. "t'es perdu baby boy ?" que tu demandes au garçon, parce qu'il doit pas être beaucoup plus vieux que ksenia quand tu l'as attrapée dans tes filets. cette même jeunesse qui glisse entre tes doigts à toi. que tu ne peux que boire à même leurs lèvres à eux. t'as plus l'âge hein, de te taper des adolescents ? mais tu ne le sais pas.