enemy fire (ida)

enemy fire | @ida walravens
who's a friend, who's an enemy
cause sometimes they look the same to me

les éclats de rire s'enchainent. les sons s'entremêlent, les voix plus graves s'imposent, la musique n'est que fond sonore agréable. verre à la main, sans cesse rempli par un serveur qui passe, la soirée tend davantage vers la fin que le début. tout est comme avant. hypocrisie, paraitre, richesse. les esprits s'affrontent, les egos s'effritent. à chaque fête organisée par la confrérie, c'est le même cirque. certains parlent plus fort pour être entendus de tous, d'autres ne conversent que par messe-basse pour mieux planter un couteau dans le dos de celui qui se tient à quelques mètres. l'alcool, présent pour rapprocher des personnes qui ne se seraient sans doute jamais parlés en dehors de ces réunions. pourtant quelque chose a changé dans l’air. c’est beaucoup plus pesant comme atmosphère. une mort, pas n’importe laquelle, dans vos rangs. mais personne n’en parle. secret bien gardé. le genre de détail que personne n’évoque de peur d’être celui ou celle qui met les pieds dans le plat. mais tu vois bien dans le regard de certains que le rire est forcé, l'esprit est ailleurs. verre avalé cul sec, tu le poses d'un geste brusque sur un plateau qui passe devant toi. ça résonne, ça éveille certains regards. un simple étirement des lèvres pour dissiper l'attention. t'aurais dû t'arrêter au verre d'avant. t'as tiré sur la corde et tu sens que ta langue est prête à se délier sans aucune courtoisie ou politesse. mère elzevir t'offrirait ses yeux les plus noirs, te rappellerait qu'à chaque fois que tu franchis la porte d'une soirée de la confrérie, tu portes tout l'arbre généalogique sur les bras. et god, c'est bien trop lourd à gérer. parce-qu’inconsciemment, tu réfléchis avant chaque geste, avant chaque mot prononcé, avant chaque regard. et t'as cette foutue voix dans la tête, se rapprochant énormément des aigus de ta mère, qui te souffle que liz saurait quoi faire si elle avait été à ta place. forcément qu'elle aurait su, parce-que c'était sa place avant d'être la tienne. c'était prévu comme ça, t'étais pas destiné à finir là, à te demander si aller parler au quarantenaire à ta droite te permettra de décrocher un job avant d'être diplômé. et comme une évidence, tes yeux divaguent vers ida. ida qui n’a rien à faire là. ida qui ne devrait même pas avoir un verre à la main. ida qui a encore moins sa place que toi. et ça agace de la voir elle, et pas saartje. ton amie recalée pour sa soeur. incompréhension pour tout le monde. l’alcool dans les veines, els déjà partie plus tôt dans la soirée, rien ne t’empêche de faire les quelques pas qui te séparent d’ida. le regard est froid. t’as jamais été très aimable avec elle même si tu ne la connais pas. t’as toujours été le plus souvent avec saartje qu’avec ida. t’as jamais vraiment fait l’effort d’apprendre à la connaitre, comme si t’avais fait un choix dès le début. et c’est étrange de te dire que tu connais assez saartje pour anticiper ses réactions mais que t’as aucune idée de comment réagira ida. "t’as l’air hyper à l’aise" remarque inutile, de celle qui n’aurait pas traversé ta bouche si tu n’avais pas autant d’alcool dans le sang. tu blâmes els et ses lubies de défi. tu noies ta frustration dans les verres. pas malin. "saartje aurait déjà abordé une dizaine de personnes et aurait récupéré le même nombre de cartes de visites" la comparaison pique sur la langue. probablement qu’elle a entendu ça toute sa vie mais t’es pas dans l’état de prendre du recul sur ce que tu lui racontes. toi, tout ce que tu vois c’est qu’elle est là, à la place de sa soeur. et ça passe pas. c’était pas prévu de cette façon. "comment elle va ? ta soeur." moyen peu subtile de lui rappeler que t'es team saartje, pas ida. au cas où ce n'était pas assez clair jusque là.