brotherhood (valentijn)

@valentijn van der leeuw

le regard qui divague dans le salon immense. d’abord les chaussures puis le bouquet de fleur sur la table basse puis enfin le coussin sur le canapé. tout pour ne pas croiser le regard lourd de sens du père de famille dont elle entend déjà les reproches alors même qu’il vient à peine de franchir l’entrée du salon. l’ambiance devient pesante. et rosa, elle attend. l’engueulade, la sentence. des fiancailles préméditées rompues ça va pas plaire. elle le sait. trop bien. si juste ça avait pu attendre quelques heures pour arriver aux oreilles de la famille, ça aurait été mieux. juste le temps de prévenir valentijn pour qu’il vienne en secours. la seule personne sur qui elle peut compter dans cette famille. mais il est pas là aujourd’hui. sans doute avec un de ses potes à faire on ne sait quoi. se bourrer la gueule, sauter une des groupies qui lui courent après. qui sait. un texto qui part, need your help right now. mais elle est certaine qu’il arrivera pas à temps, pas avant la tempête père van der leeuw. et ça loupe pas. au moment même où elle croise le regard de son père, rosa entend les reproches. les tu me fais honte, encore et encore, comme une douce mélodie. les tu es bonne à rien. elle essaie de s’expliquer mais rien y fait. il a toujours raison. on le sait bien. alors elle encaisse. comme d’habitude. les larmes qui commencent à couler le long des joues. l’élan de courage qui s’éveille pour tenir tête à ce père bien trop ancré dans ses positions et qui repart aussi vite qu’il est venu. oui, elle vient de rompre ses fiançailles. oui elle vient de perdre une occasion de faire un beau mariage business. blablabla. elle n’écoute même plus ce refrain. puis quand le calme revient à peu près, elle décide de fuir. sans un mot. ça ne ferait qu’empirer les choses. direction sa chambre. le seul endroit où elle se sent réellement en sécurité. enfouie dans les couvertures, les larmes qui coulent toutes seules, la décision la plus dure à prendre de sa courte vie, ces fiançailles à rompre. et valentijn qui finit par débarquer. trop tard comme toujours. « t’étais où bordel » reproche a moitié caché alors qu’elle se lève pour se ruer dans les bras réconfortants de son grand frère. « c’est fini avec andreas et papa l’a appris, si tu avais entendu toutes les horreurs qu'il m'a dites je...  ». gamine qui fond littérairement en larmes dans les bras du garçon. comme une scène qui se répète inlassablement à chaque contrariété paternelle.  

la bouteille circule, les rires fusent, les têtes tournent. la main posée sur la cuisse de celle qui trône sur ses genoux, le regard qui glisse le long de son corps jusqu'au décolleté alors qu'elle se tourne vers lui, prête à capturer ses lèvres, et il se dit que la soirée s'annonce plutôt bien. il a déjà oublié son nom, but who cares? ce n'est pas comme s'il allait lui promettre la lune, encore moins la revoir plus tard. pas vraiment du genre à retourner deux fois au même endroit, il les fuit dès qu'elles commencent à s'attacher. rares sont celles capables de voir les choses comme il les voit : rien de plus qu'un jeu. la main remonte le long de sa taille, vient se poser dans le bas des reins alors qu'il rapproche son visage du sien, quand le portable vibre dans la poche, lui arrachant un soupir alors que les yeux se lèvent vers le ciel. « deux secondes, chérie. » on ne sait jamais, des fois que le monde s'arrêterait de tourner. les yeux tombent sur le message de la frangine, et la mâchoire se serre instantanément. fini le sourire, il se tourne à nouveau vers la presque conquête du jour. « désolé, mais le devoir m'appelle. ce sera pour une prochaine fois. » il vient chasser la moue boudeuse d'un baiser avant de se redresser. un signe vers le meilleur ami un peu plus loin pour lui faire comprendre qu'il doit y aller, une urgence. une fois la rue regagnée, il s'empresse de monter sur son vélo, file à travers la ville aussi vite qu'il le peut alors que ça tourne dans le cerveau. qu'est-ce qu'elle a bien pu faire comme connerie, ça l'inquiète. la route n'en finit pas, lui semble interminable. il abandonne négligemment son vélo devant la maison, prendra le temps de le ranger plus tard. à peine la porte franchie qu'il peut entendre le paternel hurler dans le salon, les réponses à peine audible de la mère, qui ne sert à rien comme d'habitude. mais pas de rosa. val ne prend pas le risque de passer le seuil de l'enfer, monte les marches quatre à quatre, parce que si elle n'est plus en bas, c'est qu'elle a dû se réfugier dans sa chambre, comme toujours. il entre sans frapper, et effectivement, elle est là, en boulle dans son lit. il n'a même pas le temps de dire quoi que ce soit qu'elle se jète sur lui, l'engueule de son retard, pour changer, avant de fondre littéralement dans ses bras. « désolée, j'étais... à l'autre bout de la ville. » pas besoin de lui donner plus de détails sur le genre de soirée qu'il venait de commencer. il resserre son étreinte alors qu'elle lui raconte enfin, caresse ses cheveux presque mécaniquement, comme pour l'apaiser du mieux qu'il peut alors qu'elle est secouée de sanglots. soudaine envie de meurtre pour l'ami d'enfance, parce que c'est forcément de sa faute à lui, pas celle de rosa. « quoi ?! mais... qu'est-ce que tu racontes ? » les mains viennent se poser sur ses épaules alors qu'il plonge dans les prunelles inondées, scrute, à la recherche du moindre indice. parce que ça n'a rien de cohérent, cette histoire de rupture. rien du tout. « rosa, qu'est-ce qui s'est passé ? »

c’est long d’attendre que valentijn arrive pour la sortir de cette situation pourrie. vraiment long. un père qui s’enjaille tout seul, comme si le fait de rompre des fiançailles pouvait s’assimiler à la fin du monde voire même pire, à la fin de son business et de la domination du clan van der leeuw. et une gamine au plus mal, refrognée au fond de son fauteuil attendant patiemment que son sauveur de grand frère ne débarque. les mots qui font beaucoup trop mal pour continuer à les entendre, à les subir, elle fuit rosa. parce que c’est la seule solution. elle pourrait essayer de résister, de répondre. mais sans le soutien de son frère, c’est peine perdue. parce que c’est pas leur mère, plus plante verte qu’autre chose, qui va la défendre. la chambre sonne alors comme seul refuge, sanctuaire dans lequel les échanges pas très cordiaux entre les parents ne sont qu’un lointain bruit. il n’y a plus qu’à attendre valentijn, en espérant qu’il n’arrive pas trop tard ou même qu’il ait bien eu son message. sait-on jamais, si il est en charmante compagnie. et lorsqu’il finit par franchir la porte de la chambre de la gamine, c’est un peu la délivrance. la seule personne a qui elle peut réellement se confier, qui comprendra quoiqu’il arrive, est là. enfin. elle se jette dans ses bras, râle plus par principe qu’autre chose, entre deux larmes qui se faufilent le long de ses joues. l’autre bout de la ville, voilà pourquoi le temps qu’il rentre a paru être une éternité. « désolée si j’ai bousillé ta soirée » qu’elle souffle en regardant ses pieds. essayant de reprendre un minimum de contenance, histoire de pouvoir raconter tout ce qu’il vient de se passer clairement. mais c’est mal barré. l’émotion qui prend le dessus, les larmes qui parlent presque à sa place. une grande inspiration avant de se lancer. « andreas et moi c’est terminé » fiançailles avortées sans trop réellement savoir le vrai fond du problème. « mais ça va hein. c’était mon idée, c’est mieux comme ça ». ou pas. qu’elle essaie de se convaincre du mieux qu’elle peut. ça va aller rosa. tout ira bien. de toute façon, elle n’a pas trop le choix. « j’voulais prévenir les parents. faire les choses bien tu vois. mais papa l’a appris avant que je dise quoique ce soit et il m’est tombé dessus. j'imagine que t'as entendu non en passant en bas ?! » et si jusqu’à présent, elle avait réussi a faire croire que tout allait bien, là c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. idiote de croire que le paternel van der leeuw pourrait avoir ne serait ce qu’un peu de compassion pour sa fille.

la frangine qui baisse la tête, s'excuse alors qu'elle a pas à le faire, ça le fatigue cette douceur. la main qui vient attraper le menton pour la forcer à se tenir droite, à pas flancher, parce qu'elle aucune raison de le faire. « on s'en fout de ma soirée, rosa. t'as besoin de moi, je suis là, point. tu sais très bien que c'est ça le plus important, alors arrête de t'excuser pour rien. » la voix peut-être un peu trop dure, parce que y a l'inquiétude qui lui échappe, mais il a besoin qu'elle comprenne que peu importe où il est, il se débrouillera toujours pour être là pour elle si elle a besoin de lui. parce qu'il est peut-être con, souvent, mais sa soeur, ça reste sa soeur. la seule personne au monde pour qui il peut faire preuve d'un semblant d'humanité et d'intelligence. la seule qui parvient à lui arracher ce qui s'apparente à des sentiments, aussi. d'où la rage profonde qui commence à gronder en lui quand elle lui annonce que c'est terminé avec andreas, parce qu'il ne voit rien de cohérent là-dedans. rien du tout. ils étaient pas en train de filer le parfait amour, aux dernières nouvelles ? ils étaient pas censés être fiancés, vivre leur meilleur vie dans le meilleur des mondes ? et même si ça l'emmerdait de perdre en partie sa soeur, elle avait l'air bien avec lui, suffisamment heureuse pour le rassurer, pour accepter de se retrouver avec l'ami d'enfance comme beau-frère. et quand elle annonce que l'idée vient d'elle, ça bug, les neurones qui refusent de se connecter, qui refusent d'intégrer l'information. « mais... de un, me dit pas que ça va quand c'est pas vrai, je te connais assez pour voir que ça va pas du tout. de deux, d'où c'est mieux comme ça si ça te met dans cet état ? et de trois, d'où c'est ton idée ? je te jures que... » il se retient de justesse, se contente de serrer la mâchoire et de garder pour lui tout ce qu'il serait capable de faire à cet enfoiré pour avoir osé rejeter sa soeur et la mettre dans cet état. elle est parfaite, alors c'est quoi sa putain d'excuse pour rompre les fiançailles, hein ? elle continue, parle des parents, de leur père, évidemment. il a jamais compris comment le vieux se débrouillait pour choper ses infos, mais il a toujours su tout avant tout le monde. et évidemment qu'il allait tomber sur rosa sans prévenir. parce que ce mariage à la con, il l'attendait, il était sûrement en train de l'organiser dans sa tête, avait sûrement la liste des invités déjà prête. tout pour exposer la réussite de la famille, l'étaler aux yeux du monde entier. « j'ai entendu, oui... » ça gronde en lui, parce qu'il aurait aimé pouvoir le remettre en place, ce con. sauf qu'il a appris il y a bien longtemps qu'on ne disait rien au grand van der leeuw en chef, que monsieur était intouchable, et qu'il fallait se contenter de se taire et de hocher la tête si on tenait à cette dernière. « mais tu sais qu'il faut pas l'écouter, c'est qu'un vieux con. on s'en fout de son avis. » les prunelles qui cherchent celles de sa soeur alors que le pouce vient essuyer une partie des larmes. « si tu me disais la vérité, maintenant ? ce qu'il s'est vraiment passé avec andreas ? » que je sache si je dois commettre un meurtre ou non.

une pointe de culpabilité, parce qu’il devait sans doute mieux avoir à faire ce soir que de gérer les états d’âme de sa petite soeur. et une pointe de reconnaissance, de gratitude, de savoir, même si elle n’en doutait pas vraiment, qu’il est là, qu’il sera toujours là, même si ça veut dire abandonner la femme de sa vie. qu’elle passera toujours en premier. elle hoche la tête aux paroles du frangin. un « merci » doucement soufflé. il est inquiet, elle le sent rien à l’intonation de sa voix et en même temps, elle ne peut que comprendre, c’est elle qui l’a appelé au secours. personne d’autre. les idées qui reprennent peu à peu leur place alors que les bras de valentijn font office de safe place. elle essaie tant bien que mal de prendre des pincettes, elle va bien, elle a juste besoin de réconfort, et d’un peu de chocolat. c’était son idée de rompre, pas celle d’andreas. il n’a rien à se reprocher et rien que le frangin puisse lui reprocher également. c’est ce qu’elle se raconte, ce qu’elle dit à son frère, parce qu’elle veut pas briser l’amitié qui unit les deux garçons. mais avec un frère qui la connait a peu près par coeur, c’est difficile de raconter une belle histoire, un truc qui  tient suffisamment la route pour qu’il y croit. « je vais bien j’te dis, juste un coup de blues, ça va passer » mensonge. mensonge. « tu me jures que quoi ? tu vas aller lui en coller une parce que j’ai rompu ? c’est sur que ça va arranger les choses » elle lève les yeux au ciel devant ce trait de caractère chez son frère qui l’énerve tant. impulsivité, s’énerver pour rien alors qu’il n’a pas la moindre idée de ce qu’il s’est réellement passé. « c’était mon idée, j’veux pas d’une vie comme celle des parents » ni d’un mariage arrangé en l’occurence. loin d’elle l’idée de comparer andreas au père van der leeuw mais finir comme sa mère, ce n’est pas envisageable. et de toute façon, andreas aurait été malheureux. alors, lui rendre sa liberté semblait la meilleure des  solutions, sur le moment. peu importe ce que elle, elle allait ressentir, peu importe la tornade du père de famille. elle pouvait supporter, encaisser. mais rendre andreas malheureux, ça non. c’était pas possible, pas envisageable. « j’essaie, de pas l’écouter. vraiment. » mais les mots font mal. peut être même plus mal que des coups. et le pire, c’est d’avoir aucun soutient de la part de sa mère. qui préfère regarder sa fille pleurer sans rien dire. « mais c’est dur. j’arrive pas à passer au dessus » les yeux qui se relèvent vers le regard rassurant du grand frère. retrouver la douceur qu’elle aime tant chez lui. « pas grand chose en vrai. c’est juste que j’ai réalisé que nos fiançailles, ça revenait à l’emprisonner. et j’ai pas envie de ça, il sera mieux sans moi, sans notre famille dans sa vie. » ça lui coute de l’admettre. mais lui n’a rien à se reprocher.

il peut pas s'empêcher de chercher à comprendre, de chercher à trouver ce qu'elle lui cache, parce qu'elle lui cache forcément quelque chose. bornée comme elle est, il sait qu'il n'aura pas une réponse aussi rapide et facile qu'il le voudrait, mais lui aussi est un van der leeuw, avec le même entêtement quand l'envie lui en prend. pas près de céder, le garçon, pas quand ça met sa soeur dans cet état. et tant pis s'il est brusque, s'il pousse un peu trop, s'il la fait pleurer, tant qu'il obtient des réponses et qu'il a les clés pour arranger les choses. l'agacement qui monte, qu'il essaie de contenir comme il peut alors qu'elle campe sur ses positions, continue de lui mentir, comme s'il allait gober ses histoires de coup de blues passager. il a jamais vécu ça, d'avoir le coeur brisé, mais il le voit bien dans les yeux de sa soeur, que ça ne va pas, que ça ne risque pas de passer aussi facilement qu'elle aimerait lui faire croire. « arrête de mentir je te dis. tu m'auras pas aussi facilement que les autres et tu le sais, alors arrête de te fatiguer pour rien. » autant économiser son énergie pour lui expliquer vraiment ce qu'il se passe. la colère qui commence à gronder à l'intérieur, à l'idée qu'andreas ait pu lui faire quoi que ce soit, et il se retient comme il peut de ne pas partir tout de suite pour aller retrouver l'autre imbécile et lui demander sa version des faits, à lui. « lui en coller une, ça, c'est ce que t'aurais dû faire toi. je me contenterai clairement pas d'une gifle, tu t'en doute. » le ton se veut léger alors qu'il lui offre un sourire, mais la menace n'en reste pas moins réelle. bien décidé à lui exploser les dents s'il le faut. la vie des parents qui plane au dessus de sa décision, et c'est comme si elle lui plantait un millier de poignard dans tout le corps en même temps. « rosa, dis pas ça. t'as rien d'une plante verte. jamais tu finiras comme l'autre. » incapable de l'appeler maman, pas alors quand elle n'en a que le titre sans en avoir le comportement. il en mettrait sa main à couper, qu'elle est restée immobile, qu'elle n'a pas levé le petit doigt pendant que le paternel déversait sa frustration sur sa fille. ça le met en rage rien que d'y penser, et encore plus quand sa soeur s'y compare. elle relève les yeux vers lui, et il voit bien que les mots du père on déjà fait trop de dégâts pour qu'il puisse récupérer quoi que ce soit. il écoute, val, n'en revient pas de voir qu'elle puisse penser qu'andreas serait mieux sans elle. ça le dépasse, cette capacité qu'elle a à se dénigrer quand elle fucking amazing. il essaie, vraiment, de ne pas s'énerver, de se contenir, de rester aussi doux que possible, parce que c'est de ça qu'elle a besoin. mais vraiment, c'est dur. « arrête de dire des conneries, il serait plus que chanceux de t'avoir dans sa vie. niveau beaux-parents, je dis pas, on peut rêver mieux. mais vient pas me dire qu'il sera mieux sans toi, parce que c'est la plus grosse connerie que j'ai jamais entendu de ma vie. et c'est quoi cette histoire de prison ? qu'est-ce que ça change, sérieux, que vous soyez fiancés ou pas ? c'est pas comme si vous étiez déjà pas en mode sérieux avant, ça change rien, une bague, basta, le fond reste le même. » à peine borné, quand il est décidé à ne pas comprendre, le garçon.

il lachera pas l’affaire. elle le sait. tête de noeud au moins au tant qu’elle. ils ne sont pas de la même famille pour rien ces deux là. mais rosa n’est pas vraiment décidée à lui dire le fait bon des choses. préférant lui mentir, se voiler la face parce que ça fait moins mal que d’accepter la dure réalité des choses. elle relève ses grands yeux clairs vers son frère, sonde son regard, l’expression de son visage. à la recherche de ce qu’elle va bien pouvoir dire pour le convaincre de s’arrêter là. « de toute façon c’est pas ça le sujet, c’est pas pour ça que je t’ai appelé » gamine qui bat en retraite. sans être sure que la technique va réellement passer. mais si ça peut le faire dévier sur autre chose alors c’est déjà ça de gagner. elle sent bien que le calme n’est pas là, que la pression est en train de monter autant de son coté que de celui de son frère. si l’idée d’en coller une a andreas lui étire un sourire, l’idée que ça parte autant en sucette entre lui et son frère n’est guère réjouissante. ils sont censés être amis après tout. mais visiblement avec elle au milieu, il n’y a plus aucune amitié qui tienne. « je t’interdis de le toucher » la voix se veut ferme. pas question qu’il s’en prenne à andreas. pas maintenant. ni jamais d’ailleurs. ça aurait pu la faire sourire, mais non. l’idée qu’il arrive quelque chose à son ex, par sa faute à elle, c’est inimaginable. la pression qui descend légèrement à entendre l’image de plante verte, qui résume bien leur mère. quoique même une plante verte aurait sans aucun doute plus de présence que la mère van der leeuw. « parce que tu crois qu’il voit un autre destin pour moi ? » c’est pourtant tellement évident. un père qui impose des fiançailles à sa fille, c’est sans doute que dans son idéal, à lui, rosa sera exactement comme sa mère. difficile a envisager mais pourtant cela parfaitement logique. et ça permettrait sans doute aussi la main sur un business. rien de très glorieux, très heureux. juste une histoire d’argent en somme. et à force, ça rentre dans le crane de la blonde. pas forcément envie de se battre pour un combat déjà perdu d’avance. « c’est pas des conneries. tu crois qu’il a envie d’avoir une vie comme celle de nos parents ? parce que c’est ça qui nous attend. ils nous laisseront jamais tranquilles et tu le sais aussi bien que moi » l’agacement et la pression qui sont en train de remonter aussi vite qu’ils étaient descendus. parce que valentijn comprend pas, ou qu’il veut pas comprendre, elle sait pas trop. toujours est il qu’il n’a jamais été dans sa position à elle. alors forcément, il y a des choses qui ne doivent pas lui paraitre logique. « ça change tout justement. absolument tout. c’est pas une histoire de bijoux. tu crois vraiment que ces fiançailles c’était juste parce qu’il nous trouvait mignons ensemble ? » il pour désigner le père de famille, plus la force de lui laisser cette dénomination après ce qu’elle a pris dans la  tête quelques minutes auparavant. « attend le jour où il t’aura trouvé une nana, de bonne famille, et qu’il te soufflera l’idée de faire connaissance avec elle et plus si affinités, tu comprends peut être mieux » c’est loin d’être ce qu’il s’est passé avec andreas. mais pour rosa c’est presque tout comme.

elle essaie de fuir, il le voit bien. sauf qu'il ne la laissera pas faire. pas aussi facilement. « ah non ? et pourquoi tu m'as appelé alors, si t'as pas besoin de moi ? si ça va pas ? rosa, on sait très bien tous les deux que ça va pas. alors arrête de tourner autour du pot. » pas convaincu que ça change grand chose pour elle, encore moins que ça la fera parler, mais qui ne tente rien n'a rien. l'interdiction qui tombe, et il peut sentir la tension qui monte d'un cran, autant chez elle que chez lui. gamin qui tangue sur un fil, équilibre des plus précaires alors qu'il sent l'envie d'exploser prendre doucement le dessus, presque près à partir sur l'instant pour trouver andreas pour lui tirer les vers du nez, vu que sa soeur a l'air bien décidée à ne pas parler. sauf qu'il sait qu'elle ne lui pardonnera pas, s'il part. elle ne lui pardonnera pas de l'avoir abandonné maintenant, et encore moins de s'en être pris à andreas. ça lui en coûte, plus que ce qu'elle ne saura jamais, mais il finit par rester immobile, se contente de prendre une profonde inspiration alors qu'il plante son regard dans celui de sa soeur. « ça, ce sera à moi d'en décider. une fois que tu m'auras dit la vérité. » hors de question de céder complètement à sa requête, il se garde une marge de manoeuvre, se laisse le bénéfice du doute, sans pour autant lui jurer de ne rien faire. pas du genre à briser ses promesses, il aimerait autant ne pas commencer aujourd'hui. les paroles du père qui se sont frayé un chemin bien trop loin dans le cerveau de sa soeur, et ça lui déchire le coeur de voir qu'elle puisse penser ça de son avenir. il n'arrive pas à croire qu'elle puisse s'être convaincue d'une connerie pareille. « rosa, écoute moi. » les mains qui viennent encadrer son visage pour la forcer à le regarder dans les yeux. « on s'en fout, de ce qu'il pense. et s'il y a bien une chose dont je suis sûre, c'est qu'il ne compte pas sur toi pour être aussi amorphe. t'es une van der leeuw, une femme, certes, mais une van der leeuw quand même. et ça, ça change tout. » jamais leur père ne laissera l'un de ses enfants ternir son nom, c'est quelque chose que val a vite appris à ses dépends. alors la frangine plante verte, il n'y croit pas une seule seconde. l'honneur pour le père sera bien plus grand si sa fille fait une carrière hors norme que si elle se contente de jouer la parfaite maitresse de maison. sauf que ça, elle n'a pas l'air de l'avoir intégré encore. « mais rien à voir, jamais vous auriez fini comme les parents, puisque vous vous aimez de base ! ou alors ça aussi, c'était des conneries ? et peu importe la pression, vous auriez été à deux pour les envoyer bouler ? » il connait assez andreas pour savoir qu'il est loin d'avoir la langue dans sa poche quand le besoin s'en fait sentir. il n'arrive pas à saisir ce que ça change, qu'ils soient fiancés ou non. maintenant ou plus tard, c'est quoi le problème ? parce que c'est bien vers ça, qu'ils se dirigeaient, tous les deux, non ? « mais... rosa, réfléchis deux secondes. vous en seriez forcément arrivés là un jour. maintenant ou dans deux ans, ça change quoi ? alors oui, c'est peut-être un peur rapide, je te l'accorde, mais dans le fond, je vois pas ce que ça change. » vraiment, il reste aveugle, quelque chose lui échappe, il le sent, mais tant qu'elle n'aura pas parlé, il ne risquera pas d'y voir plus clair. léger rire qui lui échappe à l'idée qu'on lui colle une fiancée, parce qu'il a l'impression que ça ne lui arrivera jamais, ce genre de connerie. « je lui souhaite bonne chance pour trouver une fille qui arrivera à me supporter. » il espère que cette petite pointe d'autodérision détendra un peu l'atmosphère, parce qu'elle se braque plus qu'autre chose, et ça le frustre de ne pas comprendre. le bras qui passe autour de ses épaules alors qu'il la pousse vers le lit, l'invite à s'assoir à ses côtés avant de sonder ses prunelles. « rosa... si tu me dis pas vraiment ce qui va pas, je pourrais pas t'aider. dis moi ce que je peux faire. » la voix qui se fait nettement plus douce, parce qu'il a pas du tout envie de se battre avec elle.

la fuite en avant. le seul moyen parce que visiblement la communication ne passe pas aussi bien qu’elle le pensait. « je t’ai appelé, parce que t’es le seul qui m’aurait défendue devant lui » le regard qui fuit à nouveau. le pincement au cœur face à la solitude ressentie à ce moment là, à l’avalanche des mots crus du père van der leeuw et d’une mère avec autant de présence qu’un cactus dans le coin d’une pièce. pas envie de s’étaler plus que ça, alors que valentijn menace de frapper andreas. il manquerai plus que ça. elan d’agacement, tension qui monte chez une rosa habituellement calme et peu rebelle. malgré tout ce qu’elle peut dire, andreas c’est toutes ses pensées, aussi bonnes que mauvaises. et elle n’a pas vraiment grand-chose à lui reprocher, alors savoir que son frère peut déraper ça ne peut que la piquer. « je t’ai dit la vérité » vrai. il veut pas y croire, pourtant on ne peut pas dire qu’elle ait réellement quelque chose de concret à reprocher à son ex petit ami. « je te connais valentijn, ne t’avises pas d’aller lui faire peur ou quoi que ce soit d’autres. » elle le voit, ce frère qui fulmine, qui s’agace et elle sait bien de quoi il est capable. elle le voit bien se pointer face à andreas pour lui en coller une et discuter ensuite.  il en est capable, ils le savent bien tous les deux. le regard qui croise celui de son frère, après l’agacement, elle lirait presque une pointe de tristesse dans ses yeux. avec les dernières évènements, gamine fragilisée par sa rupture, les propos du père de famille ont eu un effet clairement dévastateur. tellement, qu’elle arrive à croire ses paroles à lui. « t’as tout dit, je suis une femme et t’as vu comment il les traite ? » gamine persuadée que son statut de femme ne changera rien au nombre de diplômes qu’elle pourrait avoir ou à la carrière prometteuse qui lui tend les bras. les mots de son frère n’ont pas un grand impact,  le mal est déjà fait et reprendre confiance ne sera pas si aisé que ça. peut être qu’andreas arriverait, lui, à lui remettre les idées dans le bon ordre, mais ce n’est clairement pas le moment ni l’endroit pour l’appeler. elle lève les yeux au ciel face à un frère aussi borné qu’elle. il est pas près de lacher l’affaire, c’est certain. « oui c’était des conneries, c’est ça que tu veux entendre ? » la pression qui tombe, les nerfs qui lâchent complètement. elle se perd elle-même dans ses mots. ça fait mal de s’entendre dire que sa propre relation était une connerie. « c’est facile pour toi de dire ça, tu sais pas ce que c’est la pression. tu collectionnes les nanas sans te préoccuper du reste » et dieu sait qu’elle en a vu des nanas  défiler, qu’elle a fait fuir les plus pots de colle également. et d’un certain coté, elle envie presque son frère pour cette désinvolture, ce coté je m’en foutisme qu’elle n’a pas et n’aura probablement jamais. « ça change tout. absolument tout. dans deux ans, on se serait fiancés de nous même, pas parce qu’il en avait envie » toute la différence est là. pas sure que valentijn la comprenne, mais pour rosa, c’est une énorme différence. le truc le plus important. le regard qui coule vers le grand frère, sa remarque qui lui étire un petit sourire discret. « je sais pas à qui souhaiter le plus bonne chance à lui où à elle quand il l’aura trouvée » léger rire qui se fait attendre. si cela arrive un jour, elle plaint déjà la nana de devoir supporter les van der leeuw père et fils. elle se laisse entrainer aisément sur le lit, gamine qui se blottit instantanément dans les bras de son frère. cet endroit si réconfortant. « tu peux rien faire, c’est trop tard, le mal est fait » ça pique, mais c’est la seule vérité.